Un jour, aux toilettes, alors qu'il déposait les enfants à la piscine, Stephen King se dit : Tiens, et si je faisais un livre avec des extra-terrestres en forme de bite qui sortent du cul des gens ? Il sentait qu'il tenait là une idée géniale, et que le chili con carne qu'il avait mangé la veille avait du mal à passer la douane. Il mit donc son Hustler et sa barrette de thaïlandaise de côté, et s'attela gaiement (on verra plus tard pourquoi cet adverbe prend tout son sens) à la tâche.

Un jour alors qu'il déposait les enfants à la piscine, Stephen King se dit:Tiens, et si je faisais un livre avec des extra-terrestres en forme de bite qui sortent du cul des gens ?
Quelques années plus tard, une équipe de cocaïnomanes au dernier degré se dit qu'il faut adapter « ce putain de chef-d'oeuvre de la littérature en film, quoi ; tiens, fais passer. »
Et voilà comment, en 2003, débarque sur nos écrans DREAMCATCHER, un film... euh, un long-métr... des images de gens qui bougent, avec des cow-boys, des indiens, des autistes et des extra-terrestres en forme de bite qui sortent du cul des gens.

Une équipe de cocaïnomanes au dernier degré se dit qu'il faut adapter « ce putain de chef-d'oeuvre de la littérature en film. »
Le film commence par une présentation sommaire des personnages principaux : c'est des types, ils ont des pouvoirs. Un truc de ouf, vous pouvez pas imaginer. Ils lisent dans la tête des gens. Mais forcément, ça leur pose problème, parce qu'ils ne les maîtrisent pas totalement. Alors ça peut donner lieu à des dialogues grand comique du style :
-Tiens, salut André, comment ça va ?
-Comment savez-vous que je m'appelle André ?
-Euh... [confus] J'ai deviné.
Ou encore
-Vous avez dit quelque chose ?
-Moi ? Non.

-Comment savez-vous que je m'appelle André ?
-Euh...[confus] J'ai deviné.
copyright (c) Warner Bros
Mais comment donc que ces gens ils ont eu ces pouvoirs qui tuent la mort ? (attention, flash back) Eh bien, c'est tout simple, vous allez rire : ils ont sauvé un autiste d'une ingestion intempestive de crotte de chien (sic). Rires. Or donc cet autiste est fan de Scoubidou (ce qui prouve à quel point sa maladie est grave), a des super-pouvoirs et des problèmes d'élocution. Et puis, il fabrique des dreamcatchers (d'où le titre du film, ha !), ces petits artefacts indiens qui retiennent les cauchemars. Ce sera d'ailleurs la seule référence au titre dans tout le film, référence totalement inutile parce que sans rapport aucun avec l'histoire mais tellement folklorique.
Passons maintenant à la partie la plus intéressante du film : celle des extra-terrestres qui sortent du cul. Une étrange maladie se propage dans la forêt où nos amis sont partis camper : elle fait des taches rouges sur la peau, et si vous êtes bien au chaud dans un chalet avec des potes vidant tranquillement des kro, vous risquez de voir débarquer un gros touriste qui, après avoir empesté le chalet avec ses flatulences, va squatter vos toilettes pour y mourir en y déposant un extra-terrestre en forme de bite qui va aussitôt jurer votre mort, le petit canaillou. A partir de là, si on est possédé d'un sens de l'humour irrémédiablement con, on peut s'autoriser à dire : « Ça va chier ! ».

A partir de là, on peut s'autoriser à dire : « Ça va chier ! ».
Ouaiiiiille ème si hé. Le temps de se débarrasser de quelques personnages secondaires encombrants pour la fluidité scénaristique en des scènes mémorables, le film finit par délivrer son vrai message : celui de la Gay Pride. Non seulement y'a pas une seule meuf dans toute l'histoire, mais en plus les extra-terrestres ont une drôle de manie de se précipiter sur tous les objets contondants qu'ils trouvent (canons de mitrailleuse, fusils etc., y'a même une scène où un type sort pour pisser sans savoir qu'il y a un extra-terrestre planqué sous la neige et... je vous laisse deviner la suite).

Dreamcatcher, une ode poignante au droit à la différence.
On fait aussi un passage dans l'armée où un colonel/général/commandant à qui on ne la fait pas entretient des amitiés viriles avec ses subordonnés. A noter que ce personnage haut en couleur est campé par un Morgan Freeman qui avait le choix entre ça et finir prostituée à Buenos Aires. Mais quand on croise le regard du bonhomme, une lueur dans ses yeux dit que tailler des pipes à 2 pesos dans une chambre crade, ça peut être attrayant.

Une lueur dans ses yeux dit que tailler des pipes à 2 pesos dans une chambre crade, ça peut être attrayant.
copyright (c) Warner Bros
Le film finit en apothéose sur une explosion de Morgan Freeman dans un hélicoptère (métaphore frappante de la carrière qu'il mène actuellement) ainsi que sur une interpénétration d'extra-terrestres (eh oui, grâce aux E.T.s, désormais la sodomie n'est plus une affaire à sens unique) - je vous ai dit que l'autiste était un extra-terrestre ? Voilà, c'est fait.
Et le générique de fin défile sur les images des quatre potes aux super-pouvoirs qui se racontent des blagues de cul. You-hou.
Allez le voir au ciné, louez-le, achetez-le en dividi car je le clame haut et fort : on fera difficilement mieux que Dreamcatcher en matière de bouse intersidérale, en tous cas dans ce siècle-ci. Et vous pourrez dire : j'y étais.
Hop, le site officiel: http://www.warnerbros.fr/movies/dreamcatcher/
Re-hop, une critique positive du truc (incroyable mais vrai) http://www.cinekritik.com/film/base.php ... eamcatcher
Hop un dernier coup, pour la tête de Morgan et ses sourcils cosmiques:

Je concluerais en disant qu'il faut absolument faire comprendre ses penchants à ce pauvre Stephen King, parce que sinon il va être malheureux toute sa vie et continuer à écrire des trucs, littéralement à chier (mon dieu, suis-je drôle).