Alors, les 30 premières minutes sont assez fidèles au début de l'animé de 93, c'est à dire expédié et un poil décevant mais pas non plus catastrophique, avec quelques éléments des volumes suivants du manga qui font irruption dans l'histoire de façon intrigante.
Bien que l'équivalent du contenu du (court) animé soit étiré sur toute la longueur du film, à partir de là, beaucoup d'autres idées et arcs du manga font irruption à leur tour dans le récit et c'est là que ça se gâte...
Ca devient un gros mix sans queue ni tête où ils passent leur temps à gaspiller des passages cultes du manga à tours de bras genre l'arc de Jashugan littéralement foutu à la poubelle en 2 plans inutiles qui avaient probablement pour vocation de faire un clin d'œil aux fans mais que j'ai resenti comme un gros doigt d'honneur en pleine face.
Pareil pour les retrouvailles douloureuses entre Ido et Alita au Motorball après que cette dernière se soit émancipée... c'est aussi parti à la poubelle !
S'en suit une histoire qui part en morceaux comme un Motorballeur qui se crashe sur la piste à 300km.
Plus le film avance et plus ça ressemble à du Dragon Ball Evolution en terme de fidélité à l'œuvre originale (avec juste beaucoup plus de moyens) et la séquence finale, en plus de laisser le spectateur sur sa faim est une dernière injure au lore du manga.
Rodriguez, malgré des tentatives visibles de transposer le plus possibles d'éléments du manga sur grand écran, n'a pas réussit à transformer l'essai.
Non content de faire une version Disney-land d'un classique du cyber-punk, il saccage l'univers de Kishiro qui du coup ne raconte plus du tout la même chose et tombe assez vite dans du nanar à gros budget.
Reste un film moyen pour le profane, qui y trouvera plein d'idées sympa dilapidés dans une histoire qui essaie de raconter trop de trucs et ne raconte plus grand chose au final.
Mais pour le fan, c'est juste un beau gâchis.
PARTIE SPOIL:
Certaines modifications apportées à l'histoire ne sont pas trop mal trouvées comme le fait qu'Ido baptise Yoko "Alita" d'après sa fille décédée qu'il a eu avec Chiren et non d'après son chat mort. Ca donne un peu plus d'importance au personnage de Chiren, quitte à utiliser ce perso, autant en faire quelque chose.
Par contre... d'autres idées "géniales" de Rodriguez ne sont pas des plus pertinentes.
Vous croyez que l'histoire traite de la recherche du passé d'Alita ?
C'est le cas en partie... mais tout ça se retrouve vite relayé au second plan pour laisser place à une trame qui tourne autour de son cœur bionique, issu d'une technologie tri-centenaire qui peut générer assez d'énergie pour tout Kuzutetsu, (une sorte de réacteur Ark façon Ironman) et bien sûr tout le monde veut mettre la main dessus...
Just W H A T T H E F U C K ? ? ?

A côté de ça, exit la back story de Yugo, celle de Makaku, de Jashugan... après tout, pourquoi utiliser l'histoire d'origine si on peut remplacer ça par des trucs lambda piqués ailleurs ?
Oh et la lame de Damas ? Alita la pique juste à Zapan...
Tout le monde semble savoir ce qu'est le Panzer Kunst, même Makaku/Goryushika reconnait ce style de combat (qui ressemble quand même vachement à de la bagarre de base avec une ou deux pirouettes au milieu)... ne vous attendez pas à voir des techniques secrètes à base d'ondes magnétiques...
Les gens peuvent entrer et sortir de Kuzutetsu/Iron City comme bon leur semble et dehors... ya des champs cultivés à 2mn et des forêts tropicales à 5mn... c'est à se demander pourquoi tout le monde s'entasse au même endroit...
Yugo ne se fait pas défoncer le corps tout entier, il se prend juste une lame dans le bide, ce qui rend le fait qu'il doive avoir un corps 100% cyber vachement moins logique...
Le fait que les 3/4 du cast (Makaku/Goryushika, Chiren, Vector, les Hunter Warriors/Motorballeurs et même Yugo) bossent tous plus ou moins directement pour Nova qui manipule tout ce beau monde depuis Zalem, rend le récit très bidimensionnel et inutilement complexe...
Et comme aucun nanar n'est complet sans un bon Deus Ex Machina, Alita à maintenant une fonction auto régénérante grâce au corps de Berserker...
Le film est blindé d'initiatives de la sorte qui font hausser un sourcil et froncer l'autre.
On est à la fois content de reconnaître des passages familiers et choqué de voir à quel point ça se torche le cul avec le manga.
Un sentiment auquel on est malheureusement déjà habitué.