La BD numérique

[l00]

Je viens de recevoir un mail de Soleil :

LETTRE AUX AUTEURS
27/04/2009

Chers amis,

Comme vous le savez, Mourad a souhaité placer le numérique au coeur de notre développement. A ce titre, nous avons déjà mené un certain nombre d'études et d'expérimentations en 2008, de façon à pouvoir vous proposer des solutions de diffusion numérique pertinentes et sécurisées.

En préambule, je dirais juste que comme chacun sait, nous vivons une "révolution numérique globale", mais ça ne veut pas dire pour autant que le livre est mort, loin de là ! Par contre, vu la cible que nous touchons avec la grande majorité de vos séries, il convient pour nous de chercher à nous renouveler sans cesse de façon à rester en contact avec elle. Et à l'avenir, nous ne pourrons plus espérer rester dans le champs de vision des 15 - 25 ans sans prendre en compte le "numérique".

Nous avons donc travaillé sur 3 axes :
1 - la "BD numérique" pour une lecture en planche à planche sur PC/Mac
2 - la "BD numérique" pour une lecture case à case sur portables
3 - la "BD numérique+", dite "évoluée" pour une lecture adaptée aux écrans et aux capacités multimédias des terminaux (ordinateurs, consoles, mobiles et futures tablettes).

1- BD NUMÉRIQUE SUR PC/MAC

Depuis décembre dernier, avec le dernier Lanfeust des Etoiles sur LeKiosque.fr, nous sommes entrés dans la phase opérationnelle de diffusion des albums numériques sur navigateurs PC/Mac. Plus de 200 titres de notre catalogue (majoritairement des tomes 1) sont actuellement commercialisés sur ce site. Ce portail présente des défauts et ne suffit pas à tirer toutes les conclusions que nous cherchons. Il est d'ailleurs trop tôt pour analyser les résultats commerciaux.

Toutefois, nous pouvons déjà tirer 2 enseignements essentiels :
- Les 10 000 téléchargements de Lanfeust des Etoiles T8 en décembre dernier, ont montré l'intérêt du public pour ce genre d'innovation.
- L'augmentation des ventes de l'album constatée parallèlement en librairie, prouve qu'une solution sécurisée ne présente pas de danger pour les ventes d'albums elles-mêmes.
On a même constaté que le prix attractif et le support informatique permet de recruter un nouveau public.

Premières conclusions :
- - Le numérique se développe mais ne remplacera sûrement pas les albums.
- - Proposer une offre numérique permet de recruter un nouveau public pour vos séries.

Pour développer ce marché et encourager à passer à l'acte d'achat tout un public encore observateur, nous pensons qu'il faut améliorer les services et multiplier l'offre.

Nous allons donc créer une actualité numérique dynamique en proposant de suivre des séries sur LeKiosque.fr à raison d’un nouveau tome chaque mois.

Parallèlement à cela, nous passons de nouveaux accords de diffusion avec d'autres portails de façon à favoriser une saine concurrence autour d'un produit standard à 4,90 E par titre (prix fixé par étude de marché).

Depuis le 25 mars, avec le lancement de L'Epervier T7, nous avons ouvert la diffusion sur le site Relay.com (HDS Digital, filiale d’Hachette) et sur les sites affiliés : Alapage.com, Cultura.com, Maison de la presse, 3suisses.fr et Rueducommerce.fr.

Des négociations avec plusieurs autres portails devraient déboucher au cours de l'année, dont Ave-Comics.com et DiGiBiDi.com qui sont les plus avancées.

Bien évidemment, nous ne contraindrons aucun auteur à la diffusion numérique. Pour chaque nouvelle mise en ligne vous concernant, Edouard Bourré-Guilbert, qui travaille avec moi, vous enverra un mail à titre individuel, vous indiquant le ou les titres concernés, le diffuseur numérique et les conditions de rémunération.

Nous gardons également un oeil sur les "Stores' Network" qui se développent pour les consoles de salons : PS3, Xbox 360 et Wii.

2- BD NUMÉRIQUE SUR MOBILES

Autant les écrans d'ordinateurs permettent une lecture confortable des planches, autant les mobiles imposent une lecture "case à case" nécessitant une adaptation plus ou moins importante en fonction du type de bande dessinée.

Nous avons lancé 2 expérimentations :
- Un test avec SFR sur 5 modèles de mobiles et 200 utilisateurs avec une BD d'aventure (Lanfeust) et une BD de gags (Les Blondes).
- La pré-publication du nouvel album des Blondes (T10) sur iPhone en 6 épisodes (1,59 E l'épisode) en utilisant l'application AveComics.

A priori, le format "humour en gag" s'adapte particulièrement bien à la lecture case à case. Les enquêtes montrent également que la durée d'utilisation doit prendre en compte la mobilité (temps de transports) : 5 mn de lecture en moyenne, d'où le choix d'un découpage en épisodes.

Nous serons sûrement amenés à faire de nouvelles expérimentations pour calibrer l'offre adéquate, avec les auteurs qui souhaiteront tenter ce support ainsi que quelques autres parmi lesquels : le Blackberry, le G-Phone de Google, la PSP, la DS, les eeePC et les futurs eBooks reader (tablettes de lecture pour l'instant en NB).

3- BD NUMÉRIQUE+

Enfin, nous démarrons tout juste la phase de recherche et développement sur les évolutions possibles de la BD numérique. A l'instar de Marvel avec les "Motion Comics", nous travaillons au développement d'une BD s'adaptant davantage aux formats des écrans des différents terminaux et utilisant leurs capacités multimédia : animations flash, ambiances sonores, carrefours narratifs et bonus en tout genre. L'objectif est de mettre en valeur au mieux la narration des albums sans jamais perdre de vue ce qu'est une BD : une histoire, des personnages, des décors, des cases, des bulles et une lecture active. Pour nous, il n'est pas question d'en faire du dessin animé ou des jeux vidéo, il s’agit là d'autres métiers. Mais, avec la convergence des terminaux numériques à la maison, on se prend à rêver qu'un jour, on pourra lire une bonne BD sur le grand écran LCD du salon en avançant dans l'histoire grâce à la zapette...

Nous restons à votre entière disposition pour tout besoin d'information ou pour recueillir vos réactions, avis et remarques.

Amicalement.

En gros, rien de neuf sous le soleil, y'a encore du boulot, et on en reste toujours aux "expérimentations de 'ouf gueudin" d'il y a 10 ans .

Par contre, commercialement, ça semble doucement décoller .

[niten]

le format "humour en gag"

ll'est mignonne celle là.

[Tsuka]

Par contre, commercialement, ça semble doucement décoller .

En même temps ça fait maintenant quelques années que des sociétés comme Ave ou Aquafadas existent, sollicitent les éditeurs, mais ça n'évolue pas très vite.

Probablement que ce message de Soleil est aussi là pour dire qu'ils pensent aussi au numérique, tout simplement, car c'est une question que doivent se poser pas mal de leurs auteurs, qui pourraient aller expérimenter des choses ailleurs.

D'ailleurs, a noter que Lewis Trondheim va faire une BD numérique inédite pour Ave!Comics :
http://www.bodoi.info/news/2009-04-27/l ... ique/15427

[ACME]

Si Lewis Trondheim se lance dans la BD numérique c'est intéressant, il a souvent de bonnes idées et le petit dessin que l'on voit sous son stylo est le signe qu'il souhaite faire simple mais efficace.
Wait and see...

[TRANTKAT]

(...) le petit dessin que l'on voit sous son stylo est le signe qu'il souhaite faire simple

... Ah oui, ça le change, c'est sûr !

[gillou]

Bah, ça pourra jamais être pire que ça:

http://www.bodoi.info/news/2009-04-08/l ... ique/14728

++

[ACME]

Bah, ça pourra jamais être pire que ça:

http://www.bodoi.info/news/2009-04-08/l ... ique/14728

++

C'est certain!

[Fikey]

Comic FAIL
Video game FAIL
App FAIL

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=KJO_Cbdu ... r_embedded[/youtube]

[gillou]

Bah, ça pourra jamais être pire que ça:

http://www.bodoi.info/news/2009-04-08/l ... ique/14728

++

C'est certain!

Les belles aryennes c'est bien aussi moi jdis.

[ACME]

Comic FAIL
Video game FAIL
App FAIL

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=KJO_Cbdu ... r_embedded[/youtube]

Quelle interactivitée!
C'est nul!

[Tsuka]

En attendant que Soleil passe au numérique, "Bourad", l'alter égo du patron, se mets sur Twitter :
http://twitter.com/Bourad
Hu hu.
(trouvé sur Wart)

[celimonseb]

Bonjour à tous,

Je vois que ces trois derniers mois ce thread s'est un peu ralenti, dommage car nombre d'annonces ont été faites depuis, surtout en ce qui concerne la déclinaison de catalogues existants en formats numériques (Soleil, les Humanos).

Je viens de me farcir les 25 pages et un point n'a pas (ou alors j'ai mal lu) été abordé : la discussion a été rondement menée (et avec beaucoup de pertinence et de réflexion) par des dessinateurs touchant à la compo sous Flash, avec nombre d'exemples très intéressants (et c'est là que je glisse : bravo Balak, tes deux animations/séquences/BD/trucs sont vraiment réussies). MAIS quid de l'écriture en amont ? Quid du scénariste ?

J'ai quelques questions à poser :

1. pourquoi ne pas partir d'une courte histoire standard et inviter ceux qui veulent/peuvent à la mettre en scène et à ensuite comparer les oeuvres ?
2. est-ce que l'un d'entre vous a synthétisé quelque part les contraintes et critères techniques à prendre en compte dans l'écriture des histoires sous la forme explorée par Balak en première instance ?
3. Quelle approche ont des scénaristes purs et durs de cette nouvelle forme de narration, et conséquemment comment peuvent-ils mettre en forme leurs histoires pour ensuite être mise en scène par un ou plusieurs dessinateurs ?

Par ailleurs, je voudrai apporter quelques petites réflexions :

> Pour rentabiliser cette nouvelle forme de narration il est essentiel selon moi de bien déterminer la plateforme à laquelle on la destine.
>Si c'est sur téléphone portable, cela peut donc être rentabilisé par un abonnement mensuel, ce à condition d'alimenter le lecteur avec une histoire (sous forme de chapitre) régulièrement (par exemple toutes les semaines)
> Si c'est sur ordinateur, je ne crois pas que cela soit rentable sans de la publicité
> A nouveau format, nouvelle approche éditoriale : en voyant les séquences de Balak (séquences par défaut, je ne sais pas comment les appeler) en français et en anglais, il est évident qu'un projet sera d'autant plus rentable qu'il faut le penser d'emblée en plusieurs langues
> Pour imposer un nouveau format hybride entre BD et animation, il peut être utile de s'appuyer sur une licence et un univers connus. Une société comme Ankama pourrait aimer créer des histoires sous cette forme pour prolonger l'immersion de ses joueurs/lecteurs dans ses univers par exemple. Peut être est-ce déjà la cas, remarquez ?

Voilou. I hope this helps!

[gobi]

alors moi je suis de plus en plus séduit par l'idée de m'y coller (juste techniquement faut que je comprenne comment qu'on fait), pour moi y'a vraiment un periode "pré-démo de Balak" ou on me parlais de bd numérique et je comprenais pas trop la finalité, et donc une periode"post démo de balak" ou je me dis que y'a un vrai nouveau média qui comblerait a la perfection les horribles frustrations niveau place et dynamique d'action que m'inflige la bd papier.

ensuite pour ce qui est du travail de scénariste en amont je sais pas trop, quel que soit le niveau de précision du scénario et le détail de la mise en scène, au final c'est toujours le dessinateur qui interprète du texte pour en faire du visuel, je vois pas bien en quoi ce serait different ici.
peut être que tu veux dire qu'une bd de ce type nécessiterait un poste de metteur en scène qui, d'après le script, donnerait des directives au dessinateur? pourquoi pas, si ni l'un ni l'autre est pas foutu de visualiser une narration autrement que dans une page, mais bon a ce moment la faut p'tet pas songer a s'attaquer au projet juste.

et donc pour la question des pepettes je me demandes si le mieux ce serait pas du download payant via je ne sais quel truc, ça permettrait de se passer d'éditeur de s'autodiffuser etc...... ensuite pour ce qui est de s'appuyer sur des licences, en tant qu'auteur perso je vois pas l'interret, le nouveau format s'imposera de lui même si des auteurs le pratiquent et que les projets développés plaisent, parce plus que le média en lui même c'est ce qu'il sert a raconter la finalité je trouve.

[celimonseb]

Bonjour Gobi, bonjour à tous,
Concernant la position du scénariste, et bien simplement je suis curieux de savoir qui en pense quoi, tout simplement. Ces 25 pages tournent quasi essentiellement autour de l’approche du dessinateur, et c’est logique puisque c’est l’excellent Balak qui les a initié avec ses séquences. Comment le scénariste voit cette évolution, comment son écriture peut s’en trouver modifiée, comment il espère trouver sa place dans un système de création qui fera, comme dans le jeu vidéo, la part de plus en plus belle aux techniciens du dessin (et ce n’est pas péjoratif, attention). Les séquences de Balak et consorts montrent qu’une voie inédite est possible, qui ne soit pas de la BD portée « simplement » sur lecteur numérique (ordinateur, téléphone portable, smartphone, console de jeu portable…) comme c’est très majoritairement le cas avec l’offre actuelle, ni du dessin animé du pauvre avec trois tristes animations qui se courent après. La BD numérique ne trouvera sa place que déployée dans un circuit de distribution, suivant des modèles économique et éditorial propres. Je n’invente rien, les gens de Foolstrip, de Choyooz ou d’Aquafadas y réfléchissent depuis un bon moment.

Plus qu’un metteur en scène, il faut un responsable de projet (ou un éditeur/directeur de collection, pour trouver un équivalent dans les métiers de l’édition papier), qui soit le liant entre les différents intervenants. La BD numérique est à la croisée des métiers de l’animation, de la BD et de l’animation de communauté (car c’est un élément extrêmement fort à prendre en compte). Va t-on vers des studios de prestataires qui déclineront des licences en BD numérique comme des campagnes de pub ? Si on voit les grandes manœuvres dans la distribution de contenus, avec constitution de catalogues (les Humanos d’un coté, les mangas de l’autre, Soleil ici, machin là…), quid des créateurs eux-mêmes ? Les discussions houleuses au sein du syndicat des auteurs sur les questions de droits sur l’œuvre en numérique ne laissent pas présager de solution super pérenne.

Bref, sans doute est-on encore trop en amont pour les dessinateurs et scénaristes pour donner des réponses claires tant en terme de créativité, de narration que de modèle économique viable. Sans ça bien sûr beaucoup d'artistes ou de cadres de l'édition hésiteront à s'investir sur ce marché potentiellement très attractif. A suivre…

[Balak]

alors oui, c'est clair que les scénaristes bd "tradi" risquent d'avoir du mal de s'adapter à un format comme ça si l'on reste dans une conception papier.
Mais c'est normal, il faut que le format fasse ses preuve et montre l'étendue de ses spécificités, son vocabulaire etc, pour que chacun voit comment l'utiliser.
pour reprendre une discussion avec des scénariste ricains, c'est déjà compliqué de parler en terme de "pages", la frontière devient un peu plus floue, et c'est donc difficile à prévoir au stade de l'écriture.
Mais comme le dit Gobi, ça donne plus de champs au dessinateur/metteur en scène, dans un premier temps.
Le challenge et l'essuyage de plâtre se fera dans la détermination du temps de lecture, dans quelle mesure on pourrait rapporter que "tant de frame= tant de temps de lecture", si tant est que ça ait un sens.
Mais à l'arrivée, ça ne sera pas très différent, en ce qui concerne l'écriture, qu'un scénario pour de l'image qui bouge (live ou anim) ou un scénar de bd qui laisse beaucoup de liberté au dessinateur.

pour la partie sous, tu as déjà répondu toi même, seb.
mais tant que ce n'est pas tenté, on n'en saura rien...
pour le début je suis persuadé qu'il faut que cette façon de raconter des histoire se démocratise librement, que le lectorat s'y accoutume, c'est à dire proposer des choses gratuitement, dans un premier temps, que ça soit sur le web ou telephone.
sur telephone, par exemple, on peut imaginer, dans le cadre d'une série, proposer le premier épisode gratuitement, ou sous la forme de sampler, un espèce de catalogue de preview gratuite d'une collection, avec plusieurs titres.
si l'un des titres intéresse le lecteur, il paye pour lire la suite.
le format de série "a suivre" est particulièrement interessant à développer... la connexion entre la série numérique et le recueil "papier" prend une dimension particulièrement intéressante dans ce cas, puisque les deux formats, loin de s'exclure l'un l'autre, viennent se nourrir et s'autopromouvoir mutuellement.


non?


bon faut voir, quoi.