koneko a écrit :Je crois que c'est passé dans le 20heures de TF1 maintenant.
Faut regarder Arte.
Désolé de n'avoir que répété ce qui a été dit mais, je suis assez amer quand je vois ce genre de couleurs sur un dessin comme celui de Joël.
SCOOP!! Les mauvais coloristes nuisent à la profession. La gendarmerie enquête mais c'est l'omerta.
Les coloristes qui bossent de cette manière, au tarif de base de 68€ bruts la planche, peuvent rapidement enchaîner les albums. Ils sont donc de plus en plus présents, la majorité des éditeurs se contentant de la médiocrité générale dans le but de réduire les coûts de fabrication d'un album.
Le résultat est que les vrais coloristes, ceux qui sont capables de passer entre 12 et 20 heures par planche par passion de leur travail, ceux-là ne tiennent pas très longtemps à moins d'avoir la chance de bosser sur une série à succès. Nombres de coloristes ne font qu'un seul album ou ne tiennent, à peu de choses près, que 3 ans, période durant laquelle ils ont effectué énormément d'essais non rémunérés.
Exemple 1 : j'ai fait des essais sur une série qui vend à 40 000 ex et qui comptabilise presque autant de coloristes que d'albums (ce qui pour moi révèle un soucis).
Tous mes plans étaient dégagés, toutes mes couleurs étaient péchues et j'avais réussi à rattraper des problèmes de narration du dessin. J'ai dû relancer plusieurs fois les auteurs et l'éditeur pour apprendre, au bout de deux mois d'attente, que je n'était pas choisi, que j'avais été mis en concurrence sans le savoir avec une coloriste proche du scénariste.
Mon entourage professionnel n'a jamais compris pourquoi je n'avais pas été pris.
Exemple 2 : j'ai fait des essais sur une série policière. Le scénariste en ayant déjà une autre à son actif, mes directives étaient de me rapprocher des couleurs de l'autre série. Un truc horrible dans la lignée du pire qui se fait. "Fais simple, pas trop d'ambiances, pas d'effets, pas de matières". J'ai fait trois planches. Quand j'ai obtenu une réponse, au bout d'un mois d'attente, on me dit que le dessinateur fera les couleurs lui-même. L'album sort en librairie, assuré par un coloriste qui a pété des matières de partout.
Exemple 3 : je n'ai jamais planté une deadline, j'ai terminé des albums alors que j'étais malade, que deux membres de ma famille étaient décédés, que mon matériel me lachait ou que ma femme venait d'accoucher. J'ai répondu à je ne sais combien de demandes au pied levé pour "dépanner" et "Fabrys, tu assures trop, tu nous sauves, viens je te suce, si, si, j'insiste". J'ai retouché des dessins parce que le dessinateur s'était planté. J'ai fait quasiment une vingtaine d'essais, entre 15 et 20 heures chacun, aucun n'a été payé. J'ai accepté des choix de gamme ou de narration qui n'étaient pas les miens (ce sont mes pires boulots).
Tout ça pour montrer qu'on pouvait compter sur moi et que j'en voulais.
Bin, ça ne sert à rien. Au contraire, on m'a même reproché de terminer mes albums de manière trop juste. Au mieux, j'ai été payé 7,50€ bruts de l'heure et j'ai dû faire des pieds et des mains pour obtenir ce tarif.
Par contre, à côté de ça, je vois des albums avec des couleurs merdiques que leurs auteurs sont capables de défendre en disant que c'est super. Personne n'en parle mais une majorité de coloristes tiennent, au mieux, 3 ans. J'ai tenu 5 ans.
Maintenant que les Italiens et les Espagnols commencent à comprendre qu'ils étaient moins payés que les Français, une fois que les Slaves s'en seront aperçu, les éditeurs feront appel au top du top de la crême fouettée : les Chinois. Ils multiplient les déplacements vers ce nouvel eldorado économique et démocratique qui ne manquera pas de leur proposer de jolis studios aux tarifs terriblement bas.
(pis j'arrête là parce que après on va me dire que je pourris le sujet)