[AVERTISSEMENT : LONG]
Bien.
Il est sans doute inutile de revenir en détail sur un certain nombre "d'explications", présentées comme "sans langue de bois" (à chacun de se faire son opinion sur un tel point). Il est certainement possible de se satisfaire des justifications précédentes, surtout si l'on parvient à faire abstraction de ce qu'est le magazine dans sa forme la plus concrète aujourd'hui. Pour peu que cette réalité ressurgisse malencontreusement, bien des éléments en question n'en ressortiront hélas que comme des justifications toutes relatives, et toujours aussi stérilisatrices de tout débat de fond, pour cause d' "urgence supérieure"... Bref.
Revenons seulement sur la fameuse rubrique "démotivée", et certaines assertions clairement mensongères, comme chacun pourra le vérifier, qui aura pris la peine de lire les pages en question. Non que ce soit très important, mais cet aspect de la situation et des affirmations qu'on nous propose témoignent, et permettent de se rendre compte des limites de ce discours de relativisation à bon compte dans son ensemble, et de la manière dont il forge de toutes pièces des faits et allégations erronnés.
GoToon a écrit :... explique que nous avons nous-même décidé de mettre un terme à cette rubrique
Est-ce faux ? Est-ce exact ? Il pourrait être utile d'éclairer au moins les lecteurs de cette tribune publique en ligne, à défaut des lecteurs du magazine, qui eux ne semblent pas dignes d'une telle information...
A supposer que ce point soit exact, est-il sensé d'imaginer que le magazine pourrait assumer cette décision de manière un tout petit plus claire que par une mention de deux lignes en édito du type "voici l'ultime livraison de ce rendez-vous qui prend fin" ? N'est-ce pas là une forme d'hypocrisie particulièrement peu responsable, face au choix accompli (et ce quels qu'en soient les fondements, et indépendamment même de la question de son degré de justesse) ?
En l'occurrence, il est difficile de ressentir là autre chose qu'un immense embarras de la rédaction face à cet objet dérangeant dans ses colonnes. Et ce, sans doute, pour d'autres raisons que les aimables considérations de bassesse alignées ici en justification hasardeuse d'un fait accompli dont les véritables raisons restent probablement à éclaircir.
GoToon a écrit :mais il s'abstient de préciser combien la livraison de ces papiers a été éprouvante : calibres jamais respectés, livraisons retardées ou à la dernière minute, on peut dire que la gestion de cette page (car il s’agissait au départ d’une page par numéro, pas de deux) n'a pas été très professionnelle.
Passons sur les sous-entendus misérables de cette sentence.
Passons sur le caractère mutuellement éprouvant de la livraison desdits papiers, qui ne devraient pas avoir à être mis en avant en justification de quoi que ce soit, pour peu qu'on ait la moindre conscience d'un travail commun (mais c'est sans doute là que le bât blesse foncièrement du côté d'AnimeLand).
Tout ce laïus est navrant d'immaturité et d'irresponsabilité (les éléments cités en série sont-ils implicitement supposés "justifier" sur le fond une décision elle-même "non annoncée", et encore moins assumée ? Même ce simple lien logique n'est pas assumé...)
Mais puisque le respect d'une forme élémentaire de professionnalisme dans l'évocation des turpitudes propres au travail d'une équipe rédactionnelle ne semble pas de mise ici, et doive se voir qualifié d' "abstention" (insinuation de mauvaise foi), eh bien, soit : cela signifie donc qu'un certain nombre desdites turpitudes peuvent alors être évoquées ici, en toute légitimité, explicitement, et afin d'éviter toute accusation d' "abstention".
Quant à l'évocation piètrement outrancière des torts invoqués, puisqu'il faut manifestement, pour poursuivre cette discussion, descendre à un étage de considérations digne du bac à sable, prenons la peine de l'examiner d'un peu plus près :
- "calibres jamais respectés"
Il est arrivé à quelques reprises (trois fois, peut-être), que des textes dépassent le "calibrage maximal" fixé dans le marbre mental animelandien, et que cela suscite des problèmes. Il y a eu dix-huit livraisons publiées en trois ans dans le cadre de cette rubrique. Outre que la mauvaise foi vire ici à la malhonnêteté, nul parmi les interlocuteurs concernés du côté du magazine ne semble avoir jamais compris ce qui était en jeu dans cet aspect des choses pour les textes concernés. Il fallait, pour cela, avoir fait l'effort de lire et de comprendre le premier de ces textes. En voici un extrait à titre informatif :
"Il s'agit [...] de ménager au sein de la revue un espace qui soit libéré des contraintes usuelles du magazine, d'ouvrir une tribune qui soit régulière dans sa parution, si ce n'est dans sa longueur (conçue de l'ordre d'une à deux pages en fonction des mois). Se donner cette liberté pour principe, c'est garder la possibilité d'adopter une forme de présentation qui puisse varier [...]. C'est aussi garder pour ces tetes une liberté au niveau de la mise en forme qui soit elle-même porteuse de sens, ce qui souvent n'est pas le cas dans la revue, où l'importance de nuances d'écriture est trop souvent sacréifiée par la mise en forme. En ce sens, le rapport et léquilibre entre texte et image, dégagé lui aussi des contraintes et des habitudes du magazine, sera en lui-même partie prenante de ce principe de variation raisonnée. Il s'agit donc bien là d'instaurer une différence." (1)
Il est sans doute inutile de tenter de reformuler aujourd'hui des explications qui n'ont pourtant rien de sorcier. Encore faut-il vouloir les entendre, et faire l'effort cérébral épuisant de mettre bout à bout deux ou trois idées simples pour saisir que le choix foncier de construction de cet espace était de soumettre le calibrage aux contraintes internes du texte, au lieu du rapport usuel inverse, où les contraintes internes du texte sont condamnées à se voir soumise à celles du calibrage. Bref...
- "livraisons retardées ou à la dernière minute"
Là encore, il est arrivé, à quelques reprises (moins souvent que pour le point précédent) que des livraisons soient retardées, décalées. Un peu plus souvent (peut-être pour la moitié des livraisons ?), il est arrivé que des textes soient livrés dans les derniers jours de bouclage du numéro correspondant. Faut-il y voir un "problème éprouvant" ? C'est une question de point de vue (ou de prétextes invocables).
- "on peut dire que la gestion de cette page (car il s'agissait au départ d'une page par numéro, pas de deux) n'a pas été très professionnelle."
Il y aurait beaucoup à dire sur la conception du "professionnalisme" selon le prisme animelandien, et à bien des égards, ce ne serait guère reluisant pour la rédaction et certains de ses membres principaux.
"Abstenons-nous" ici, une fois de plus, d'entrer dans un tel degré de misère, et contentons-nous de pointer à quel point l'affirmation précédente est non seulement erronnée, mais mensongère, ainsi que pourra le vérifier quiconque aura lu la citation précédente du texte d'intention publié au lancement de cet espace :
"Il s'agit [...] de ménager au sein de la revue un espace qui soit libéré des contraintes usuelles du magazine, d'ouvrir une tribune qui soit régulière dans sa parution, si ce n'est dans sa longueur (conçue de l'ordre d'une à deux pages en fonction des mois)."
Faut-il le préciser ? Cette mention concernant les questions de longueur ne doit rien au hasard. Elle découle naturellement et directement d'une discussion, et d'un accord explicite avec le rédacteur en chef de l'époque, et comme telle, devrait être connue de son successeur. Que celui-ci l'ignore, et invoque une telle ignorance de bonne foi, passe encore. Qu'il pose aussi ineptement en prédicat une affirmation aussi expéditive que contraire à la vérité des faits, en dis plus sur son intention de mauvaise foi que sur sa compétence à assumer ses décisions.
Mais manifestement, il n'a jamais été dans l'intention de l'intéressé (et nombre de ses collègues avec lui, pour le compte) de faire le moindre effort pour tenter de comprendre les enjeux de ces pages (car il s'est bel et bien agi, tout du long, d'une variation entre une et deux pages de texte, en fonction des circonstances et des papiers : les livraisons de plus d'une pages n'ont jamais rien eu, ni d'une exception, ni encore moins d'une "faveur" quelconque, "particulièrement éprouvante" ou pas).
GoToon a écrit :Maintenant, j’avoue avoir du mal avec la pagination.
Nous y voilà. Un aveu qui conduit à se demander dans quelle mesure ces textes auront été seulement lus et compris par ceux-là même qui font le magazine...
GoToon a écrit :Certes, le texte appelle une certaine forme de rigueur, mais pourquoi vouloir absolument adopter une présentation sous forme de publication judiciaire ?
Question intéressante. Et d'abord dans le degré d'intelligence qu'elle dénote des intentions mises en cause : un degré quasi-nul.
Qui donc a jamais "voulu absolument adopter une présentation sous forme de publication judiciaire" ? Où une telle intention aura-t-elle été formulée ?
Manifestement, le fait de vouloir faire primer le texte, dans la forme qu'il aura prise, à des principes de mise en page coercitifs comme critère premier, n'a jamais ni en rien été compris par les rédacteurs d'AnimeLand. Et le fait que même des textes plus courts que les sacro-saints "calibrages maximaux" n'ont jamais pu bénéficier d'une mise en forme autre, plus aérée, illustrée et "aidante pour le lecteur" (sic) que ce canevas de base, ce fait même montre bien à quel point le travail de mise en forme au sein de ce magazine (et de ces pages également, malgré leur projet de mettre en place une différence à cet égard) relève avant tout, pour les personnes concernées, du réflexe conditionné, si ce n'est pavlovien.
Mais aussi il n'y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre...
GoToon a écrit :Cette page dénotait déjà avec l’ancienne formule, il est vite apparu qu’elle pouvait encore moins cohabiter avec la nouvelle.
Très bien. Encore fallait-il le dire, l'assumer un tant soit peu publiquement. On y sera enfin arrivé...
Ainsi, au moins, cela devient un choix qui peut prétendre à une quelconque justification.
Quant au fait que "cette page dénotait déjà avec l'ancienne formule", il en est question plus bas, mais est-il utile ici de préciser que c'était là précisément son objectif ? : "Il s'agit de partager ici une forme d'alternative" (1)
GoToon a écrit :Ajoutons à cela la démotivation des rédacteurs et voilà pourquoi nous avons décidé de l’arrêter après la publication d’un papier qui était écrit depuis un an.
Une affirmation qui une fois de plus confine au mensonge. Dans la mesure où "la démotivation des rédacteurs" évoquée ici n'est rien d'autre qu'un prétexte fallacieux, présenté sous un jour déterministe qui n'a rien à voir avec la réalité des faits.
Si "démotivation des rédacteurs" il y a, elle est strictement le résultat de retardement d'un an pour un texte achevé et livré, et certainement pas une de ses motivations objectives et "ajoutées". En d'autres termes, si le terme de "démotivation" peut prétendre à la moindre pertinence, c'est uniquement parce qu'il aura fallu un an d'atermoiements du côté de la rédaction pour faire paraître un texte prêt à publication, que le travail de cette rubrique n'a pas pu avancer davantage : en effet, comment se lancer dans la rédaction de nouveaux textes, en sachant qu'une précédente livraison est en souffrance, sans explication ni raison claire, et par reports successifs et jamais expliqués ?
N'inversons donc pas les causes et les effets, et gardons le minimum d'honnêteté intellectuelle de ne pas prendre et faire prendre les rédacteurs ayant subi cette avanie pour ses commanditaires.
GoToon a écrit :Les problèmes évoqués plus haut expliquent le fait que cet article ait traîné tout ce temps.
S'il est question ici des difficultés économiques rencontrées par le magazine, il s'agit là d'une bien piètre excuse au retard pris dans la parution d'un texte pendant un an... Mais sans doute n'y a-t-il pas grand sens à pointer à nouveau de telles faiblesses de justification...
Du moins est-ce une bonne chose que de finalement l'avoir fait paraître.
GoToon a écrit :Pour ma part, je ne crois pas à la viabilité d’un magazine élitiste fait de textes en corps 6 avec un timbre poste pour illustration.
Merveilleux raccourci rhétorique (et tellement fidèle au projet "judiciaire" affirmé par... qui déjà ?) Comme si quiconque avait jamais prétendu viable un tel projet (à défaut aussi d'avoir jamais prétendu à l'ambition de réaliser une idée aussi saugrenue).
Qui donc a jamais affirmé ici une telle viabilité ? Personne.
Qui donc a jamais affirmé ici nourrir un tel projet ? Personne.
Pourquoi donc invoquer d'aussi caricaturales stupidités ?
Par réflexe d'esquive, en dernier recours pour éluder les questions qui se posent vraiment au magazine ?
Par besoin de déformer un propos et un discours auxquels on n'a rien compris sur le fond ?
Par nécessité de noyer le poisson en opposant de manière (un peu trop)simpliste "textes en corps 6 avec timbre-poste" et "splendides textes en corps 12 aéré et abondamment illustré avec talent" ? Têtes rondes et têtes pointues ?
Par souci de ne surtout pas envisager la question en d'autres termes, notamment ceux du sens de l'existence et de la "viabilité" d'un tel espace "élitiste fait de textes en corps 6 avec un timbre poste pour illustration" au sein d'un bon magazine grand public insoupçonnable de tout risque de réflexion / prise de tête / complexité de propos en regard d'une complexité de la réalité / etc. ?
C'est pourtant bel et bien cette question-là que pose le choix pris par la rédaction d'AnimeLand, et en rien celle de la viabilité ou non d'un magazine conçu intégralement sur un tel principe "élitiste fait de textes en corps 6 avec un timbre poste pour illustration"...
Mais une fois de plus, le surdité sélective menant à ignorer sciemment le sens même d'un projet "d'espace alternatif au sein d'un magazine", en l'assimilant à la volonté de lancer illico un magazine indépendant à principes coercitifs pour ligne éditoriale, en dit plus long sur ceux qui en souffrent que sur leur entendement des questions de fond en jeu ici...
Quoi qu'il en soit, le grand mot est lancé : "élitiste". Voilà donc la hantise majeure qui taraude un après l'autre nos responsables éditoriaux si soucieux de vulgarisation, d'éducation et de formation du grand public et de son goût pour la découverte.
Ce terme ne peut être conçu chez eux que comme une tare, un motif d' "auto-critique" et de fidélité réitérée à l'idéologie du Parti... C'est escamoter à peu de frais toute la part positive que recèle le même mot, dans une dimension d'exigence tournée d'abord vers soi-même, avant qui que ce soit d'autre... Mais sans doute est-ce là aussi parler chinois ?
Heureusement pour la sérénité desdits décideurs, le terme "médiocrité", lui, ne peut pas être sujet à équivoque : il est donc bien plus simple à assumer qu'un "élitisme" dont on ne sait jamais s'il désigne une qualité ou un défaut, une exigence ou un snobisme, une rigueur ou une prétention : au moins, avec lui, on sait dans quelle auge on patauge.
GoToon a écrit :Je suis de ceux qui préfèrent faire un magazine grand public qui l’emmène parfois vers des sujets qu’il n’aurait pas connu.
Ce prédicat recoupe très précisément les ambitions premières de l'espace escamoté par AnimeLand (avec notamment l'ajout suivant : "... et qui mériteraient pourtant qu'il les connaisse"). Comme quoi les déclarations ne coûtent que rarement quelque chose, qui permettent aussi facilement retournements, relativisations à tous crins et justifications boîteuses...
GoToon a écrit :Enfin, je ne prétends pas plaire à tout le monde, mais j’estime que nous faisons notre travail avec sérieux et passion.
Sans prétendre non plus en rien plaire à tout le monde, il faut seulement vous dire qu'il est ici et là des gens qui estiment que vous faites un travail de tâcherons. Et que vous pourriez sans doute l'assumer mieux. Mais aussi cela vous sera sûrement plus facile désormais !
(1) : "Notes à contre-courant (1)", in "AnimeLand" n°90, avril 2003.