Pour ceux qui auraient pas vu ces films, attentions aux éventuels spoilers, même si bien sûr je ne dis pas que c'est Emile le tueur ou dans ce style...
Et oui, attention c'est long...^^;
Bon, maintenant que j'ai vu la fin de Matrix, je peux être mauvaise langue en connaissance de cause... ^^; Malgré l'énorme a-priori négatif que j'avais après le 2ème opus, ce "Revolutions" n'est pas aussi nul que je m'y attendais. En un sens tant mieux, car s'il avait été pire que "Reloaded", je me serais suicidé vu le prix de la place... Donc, on a droit surtout à des combats dans le monde réel, et tant mieux, car toutes les scènes se passant dans la matrice sont assez insupportables, et les combats (surtout le final) sont assez indigestes je trouve malgré quelques bonnes idées. L'invasion de Zion comme le disait Jésus est impressionante. Mais à côté de cela, on peut gicler le reste quand même... Un Keanu Reeves toujours aussi expressif ( à croire que c'est le frère de Gary Daniels) en même temps, c'est l'avantage si on le défigure, c'est toujours la même expression.... Des répliques à 2 centimes du genre "Mais je sais, que je le sais pas! La vérité est ailleurs..." (Comment? Caricatural? Mais non...

) Et dès qu'ils essaient de faire de l'émotion, on s'ennuie ferme (beurk, la scène Neo/Trinity)... Reste donc un blockbuster "bien mais pas top" souvent efficace, mais qui mais les gros moyens pour... Un scénario normal, sans énormes surprises avec de vrais (ou presque) morceaux de philosophie asiatique dedans (la fin est dans ce sens, la plus logique, et en fait classique), mais qui reste bien judéo-chrétien malgré tout, et surtout un énorme soulagement, l'affaire Matrix est classé! (Les 6 euros ont quand même du mal à passer, je ne sais pas pourquoi, l'image du cheval et du Medef version Groland me vient en tête...)
Bref, après quelque chose de bien synthétique, avec plein de couleurs et que ça pête partout, sûrement , je suis allé voir quelques heures après, le dernier Kitano : Zatôichi.
Après le très beau, mais très contemplatif, Dolls, Kitano revient à un rythme plus musclé, en nous livrant sa version du film de sabre. Et là, qu'est-ce que c'est bon! Il modernise le film de sabre tout en restant dans le sobre. Là où Matrix (certes la comparaison n'est pas heureuse, mais le fait est que les ayant vu assez proche l'un de l'autre, le contraste est d'autant plus frappant) est obligé d'en faire des tonnes et de jouer la surenchère pour s'en sortir, Kitano reste assez austère et se contente de son efficacité... tranchante.
Il y joue le rôle de Zatôichi, masseur aveugle ambulant, en fait expert du sabre qu'il porte dissimulé dans sa canne (celui qui fait une comparaison avec Daredevil, le film, je le tue...

). Par les hasards de ses pérégrinations, il va se retrouver melé à un conflit de gangs qui se disputent le contrôles des jeux dans un petit village. Comme à son habitude, Kitano décrit toute une galerie de personnages hors du commun, avec une seule règle à l'esprit, il ne faut pas se fier aux apparences : Un masseur aveugle peut-être le plus féroce des tueurs, des geishas itinérantes avoir un passé surprenant et même les voyous ont leur histoire...
Zatôichi est un héros récurrent des films de chambara japonais à l'instar de BabyCart, Kitano rend donc hommage au genre en respectant de nombreux codes de ces films, tout en dépoussiérant tout cela.
La force du film est de montrer une violence brute, et pour une fois on voit bien qu'un sabre tranche et qu'un coup de sabre de bois peut faire très mal. Quand Zatôichi coupe dans le vif, ça saigne, ça gicle, c'est parfois à la limite du gore,et cela nous décrit une époque où un mot de travers signifiait rapidement un coup de sabre mal placé et où chacun devait se débrouiller comme il peut pour survivre. Mais au delà de ces combats qui arrivent souvent assez violemment, c'est un choc à chaque fois, sans forcément prendre par surprise comme dans "Hanabi"... Là où Kitano est encore plus habile, c'est qu'à côté de ces massacres, il dédramatise totalement le personnage qui parle peu, passe souvent son temps à rire un peu bêtement quand il ne se bat pas, et fait intervenir de nombreuses scènes comiques où le spectateur rigole pour de bon. Bien sûr, c'est toujours très léger et très simple comme humour, comme les scènes humoristiques de Hanabi (et son moment d'anthologie quand il se vautre dans le jardin Zen...

) ou les gags de Kikujirô. On y voit aussi son intérêt pour la culture traditionnel, en nous présentant à l'occasion de séquences laissant le temps d'apprécier un bout de morceau de shamisen ou de danse de geisha. Mais là aussi, il ne peut s'empêcher d'y apporter une touche de modernité. En plus du look très moderne qu'adopte Kitano, blond, avec un manteau s'éloignant du registre traditionnel, on peut penser à la scène de la fête finale où la chorégraphie traditionnelle se transforme progressivement en quelque chose de bien plus contemporain, même si la musique reste à base de taiko et de "rasera" bien japonais. On retrouve pour l'occasion la référence récurrente à ses débuts dans le manzai avec un solo de claquettes des plus originaux (balèze de faire des claquettes avec des geta en bois...)
Ce qui nous amène à la musique, qui n'est, une fois n'est pas coutume, pas assuré par Hisaishi Jô. Pourtant certains thèmes s'en rapprochent parfois, mais évidemment s'en éloigne souvent. L'utilisation de la musique est parfois particulièrement amusante quand celle-ci se marie avec les actions de l'écran. Par exemple, lorsque des paysans bêchent un champ, la musique est rythmé par ces coups de bêches, les instruments utilisés rappellant le bruit d'une bêche mais introduisant un subtil décalage avec la réalité montré.
Pour ce qui est des acteurs, on retrouve certaines têtes familières des films du réalisateur mais surtout dans des seconds rôles, des hommes de main. Le rôle du rônin embauché par une famille peu scrupuleuse est joué par ASANO Tadanobu, que l'on avait déjà vu dans Tabou-Gohatto d'Oshima, mais aussi pour ceux qui l'ont vu dans le délirant Party 7 où il joue le rôle d'un jeune adulte voyeur aux cheveux gras, disciple du charismatique Captain Banana.
On peut remarquer pour terminer que c'est aussi l'une des premières fois que Kitano utilise quelques images de synthèse (ou alors c'est la 1ère fois que ça se voit) lorsque un doigt ou un bras vole à l'occasion. Si elles sont perceptibles, elles restent néanmoins discrètes et utilisées avec parcimonie.
Donc mention bien mais pas top pour Matrix 3 (disons moins déçu que ce à quoi je m'attendais, mais c'est pas folichon quand même...-_-; ) et the winner is sans l'ombre d'un doute Zatôichi qui taille en morceau les adeptes du latex.
Enfin pour terminer dans la série "mon-avis-à-moi-qu'il-est-intéressant", j'attends avec impatience Kill Bill, Le retour du roi dont les bandes annonces étaient diffusés. Avec plus de circonspection, il y a aussi "Le dernier Samourai" avec Tom Cruise, faut voir ce que ça donne... Et j'ai découvert aussi les premières images du film "Immortels" d'Enki Bilal, qui m'a l'air d'être inspiré voire l'adaptation de sa "trilogie Nikopol", et au vu de cette bande annonce, ça pourrait le faire méchamment...
@+
Chron