Deux autres de ses titres ont déjà été acheté pour la France et sortiront l'année prochaîne. Parmi eux Dôse Jidai, un de ses grands succès (1972, des miyons d'exemplaires vendus, série TV, film...), un drame réaliste qui marqua son époque...
Eu l'occasion de feuilleter le dossier de presse de sa fille (représente les droits de Kamimura) pour les éditeurs français : ouacha les illustration originale et recherche de designs de... femmes. Kamimura KAzuo ne parle que des femmes, en bien, en mal, les pures et les souillées, les jenes femmes en lutte et les geisha en perdition... Pas un auteur féministe, et encore moins machiste, mais un auteur qui entretient une relation complexe avec ces dernières. Elevé par des femmes, ds un evironnement emli de femmes... et de geishas justement...
Le Fleuve Shinano, résumé : Dans la région du bassin de la Shinano, dont la rivière a de tout temps été le crève-cœur, les conditions de vie sont depuis toujours difficiles. Longs hivers enneigés, maigres récoltes, enfants dévorés par les loups… rien n’épargne les habitants de la région.
Dans les années 1930…
Même si la modernisation entreprise par l’État japonais depuis 1868 a développé les manufactures de tissage, les jeunes filles sont les premières victimes des difficultés économiques. Leur destin est déjà tout tracé : ce sera le bordel ou l’usine.
Issue d’un milieu aisé, la jeune et jolie Yukie ne sera pas épargnée par les aléas de la vie.
Le fleuve Shinano, vaste représentation au romantisme échevelé des amours et des désirs sensuels de la jeune et jolie Yukié Takano, avec pour toile de fond les années agitées de l'ère Shôwa [1925 ~ 1989].
Porteuse du noir secret de son origine, Yukié va vivre au plus près de ses sentiments et de sa sensualité, comme en rébellion contre la morale sévère de l'époque, dans les bras des hommes qu'elle rencontrera, en quête de cette chimère qu'est l'amour véritable. Même si le prix à payer est la cruauté amoureuse et les ravages qu'elle opère auprès de chacun de ceux qu'elle a aimés…
Un lourd destin adapté du roman éponyme de Hideo Okazaki.

Dôsei Jidai



Autre titre, Maria (1971)

Extrait d'un dossier consacré à Lady Snowblood (films/mangas)sur CinemAsie, ici le cas du manga >
Publié pour la première fois au Japon en 1972 dans les pages du magazine Play Boy et première collaboration d'une série de 2 entre KOIKE et KAMIMURA (entre 1978/79 ils se retrouveront sur Bourbon Keisatsu, 2 vol), le manga Lady Snowblood se distingue avant tout de son adaptation cinéma par un traitement plus axé exploitation, ainsi qu’un background plus fouillé (description de l’époque). Sur un format plus court qu’avec le manga Lone Wolf & Cub (4 volumes contre 28 vol.), mais empruntant une structure narrative similaire - un assassinat/contrat par chapitre, KOIKE Kazuo livre un scénario jouant une nouvelle fois le thème de la vengeance, le tout également assaisonné d’un travail de documentation sur une période historique particulière habilement exploitée dans le récit. La recette avait déjà fait ses preuves avec quelques autres mangas du scénariste, elle est ici déclinée avec une femme comme personnage principal.
Si les films sont empreints d’une charge érotique évidente, le manga en fait un argument premier et le support de diffusion - Play Boy - n’y est sans doute pas étranger. Le premier chapitre du manga, avec ses représentations phalliques et sa scène de début de viol, annonce ainsi immédiatement la couleur et il ne faudra donc pas s’étonner de voir l’héroïne, Yuki, finir ses combats régulièrement dénudée. Cet aspect de l’histoire originale, entre saphisme et voyeurisme, mêlant violence et érotisme avec une certaine générosité et qui a été édulcoré pour le passage à l’écran au profit d’une touche plus romantique (petite love story absente du manga notamment) et d’un ton plus lyrique, participe à une image plus racoleuse du manga.
Mais il ne faudrait pour autant pas en oublier certaines qualités visuelles et narratives propres au support dessiné. Et dans ce registre, c’est avant tout le travail du dessinateur KAMIMURA Kazuo qu’il faut évoquer, proposant avec Lady Snowblood un style graphique tout en élégance, un trait souple et raffiné au service d’un dessin au parfum plus « cartoon » (en particulier les têtes aux proportions légèrement tronquées) que celui d’un GOSEKI Kojima qui illustrait à la même période Lone Wolf & Cub. KAMIMURA livre ainsi une représentation de Yuki particulièrement réussie, son dessin capturant les différentes facettes du personnages avec succès, nous donnant à voir une Yuki tour à tour innocente, perfide, captivante, impitoyable, mortelle et toujours attirante...
Alors qu’en Occident, avec la publication de Lady Snowblood chez l’éditeur américain Dark Horse (mais également en Allemagne et en Espagne où le titre est aussi publié), c’est le nom du prolifique scénariste à la réputation internationale établie - KOIKE Kazuo - qui est mis en avant, celui de KAMIMURA ne doit pourtant pas être négligé, autant pour son apport spécifique au succès de Lady Snowblood que pour la place qu’il occupe dans l’histoire du manga. Surnommé en raison de son style particulier « le peintre d’Ukiyoe de l’ère Showa », KAMIMURA Kazuo a eu une carrière de mangaka certes trop courte, mais pourtant prolifique, avec une production dépassant parfois plusieurs centaines de planches par mois. Une carrière interrompue par la maladie, puis son décès en 1986 à l’âge de 45 ans et qui aura néanmoins marqué son temps, indépendamment de sa collaboration avec KOIKE : considéré comme un briseur de tabous, KAMIMURA faisait déjà parler de lui en 1972 pour son manga Dôsei Jidai, traitant de la vie commune d’un couple non marié, un scandale à cette époque.
Les films tirés du manga Lady Snowblood sont souvent associés au nom de KOIKE exclusivement, avant tout en raison de son implication directe comme scénariste sur ces derniers, mais également en raison des nombreuses adaptations plus ou moins fameuses dont ont été l’objet ses mangas. Lorsque KOIKE rencontre le succès en 1970 avec la publication de Lone Wolf & Cub, il décide de fonder son propre studio, le Studio Ship, augmentant ainsi sensiblement sa cadence de production. Le succès est au rendez-vous, faisant en quelques années de KOIKE un des scénaristes les plus en vue. Parallèlement, il entame une collaboration soutenue avec le monde du cinéma et de la télévision, en favorisant les projets d’adaptation de ses mangas, lui-même officiant souvent en tant que scénariste. En la matière, KOIKE détient peut-être d’ailleurs un record : de 1970 à 1974 ce ne sont ainsi pas moins de 14 adaptations de ses œuvres qui verront le jour, et les adaptations de Lady Snowblood restent sans doute parmi les plus mémorables. Si KOIKE se pose là sur le terrain des adaptations (son « volontarisme » en la matière aidant), KAMIMURA Kazuo n’est pas en reste et les nombreux films tirés de ses mangas attestent aussi, indirectement, de l’importance spécifique de son travail : pour ne prendre que la même période allant de 1970 à 1974, ce ne sont pas moins de 6 adaptations de ses mangas qui verront le jour. Dans ce contexte, l’association d’un jeune scénariste en vogue ayant son propre studio, ave un jeune auteur/dessinateur au style distingué et à la démarche pleine de personnalité, semblait programmée pour le succès.
Moins poétique que les films malgré quelques belles planches à la mise en page et au découpage réussies, moins politique également malgré son background plus exhaustif, Lady Snowblood n’en est pas moins un manga de qualité dans son registre particulier qui est avant tout celui du divertissement. Apparu dans un contexte, une époque, où l’industrie « mainstream » de la bande dessinée digérait définitivement le mouvement dit gekiga qui préconisait - schématiquement - plus de réalisme et de maturité dans le manga, le travail de KOIKE et KAMIMURA représente indéniablement une forme « d’exploitation »...