Tonton ne fait pas ses devoirs et je vais me fâcher: quand je rentre tu auras droit à ta fessée, vilain garnement!
Alors, bien entendu, c'est encore moi qui m'y colle, mais ne vous en faites pas, c'est toujours avec grand plaisir (ahem, ahem):
La session de ce soir (sacrée allitération) et celle de demain seront consacrées (ça continue) aux dandies modernes, de l’Ecosse à l’Oregon, USA. Je vous dis dandy, et vous pensez à deux choses : tafiole engoncée dans des dentelles, ou alors, si vous avez complété votre évolution jusqu’au stade de l’EHMC (Etre Humain Moyennement Cultivé), vous pensez à Balzac, ou mieux encore, Oscar Wilde. Ce grand monsieur est en effet la figure emblématique du mouvement dandy, non seulement par son goût des belles choses, mais aussi par son sens du décalage. Car le dandy est décalage, légère torsion de la réalité, réaction élégante contre les valeurs bourgeoises pas classes (ces notions allaient de pair chez Wilde), critique sérieuse, sur le mode trivial, de la société.
Les avatars (cherchez pas, rien à voir avec les forums) du mouvement dandy ont perduré jusqu'à nos jours dans la musique, plus particulièrement dans l’alt rock : ladies and gents, here come, sous vos applaudissements ce soir les Franz Ferdinand et leur album éponyme, suivis, demain soir, des Dandy Warhols et du fantastique LP Thirteen Tales from Urban Bohemia, un de mes albums-phares (rien que dans le titre vous retrouvez l’essence du dandy). C’est parti, attention pavé :
FRANZ FERDINAND
Au début, ils voulaient s’appeler « Franz Ferdinand 2004 ». « Franz Ferdinand » à cause de l’archiduc François-Ferdinand, dont l’assassinat à Sarajevo a été l'élément déclencheur de la Première Guerre Mondiale. Et « 2004 » pour la déconne, le décalage, le petit truc en plus. La production leur a conseillé néanmoins d’oublier la dernière partie, craignant que le public ne suive pas ce genre d'humour.
Cette anecdote pleine de sel pour vous aider à situer un peu le groupe écossais doué et pas exactement premier degré.
Emmenés par un leader charismatique au prénom de conquérant, Alexander Kapranos, son phrase et son accent irrésistibles, sa mini-vague Jean-Louis David (© Chtite Naraignée) et sa chemisette rentrée dans un pantalon en velours cotelé (la plupart du temps), les Franz Ferdinand se sont fait un nom et un prénom (enfin j’me comprends) sur les ondes FM avec leur tube, passé en boucle : Take Me Out.
S’il vous est déjà arrivé, au moins une fois dans votre vie, d’allumer la radio, vous l’avez forcément entendu. Take Me Out fait partie de ces «tubes » dont je ne me lasse pas. Parce qu’il est tout bonnement génial. Le clip (d’inspiration surréaliste) est génial. La musique est géniale (mmmmh, Nick Mc Carthy, le guitariste, cette stamina, ce doigté…). Take Me Out est une très bonne chanson, qui nous fait taper du pied (avec élégance et maintien) en rythme, et dont on hurle (avec bonheur et sauvagerie) le refrain aux paroles stupides mais jouissives : "I say don’t you know/You say you don’t know/I say : Take me out." Et l’accent oh so british d’Alex Kapranos est tout simplement érotique.
Pensez aux Beatles comme référence, pensez à Blur, pensez à ce que vous voulez, finalement vous vous retrouverez comme moi à dire que les Franz Ferdinand ont leur style propre : celui de la classe absolue.
Je vous conseillerais d’acheter l’album, bien sûr, parce qu’il fait partie des OMQFP (Objets Matériels Qu’il Faut Posséder) mais comme je vous sais rapias, allez-y, téléchargez sur Kazaa, bande de merdes.
Ci-dessous, la pochette de l’album, le site officiel (joli mais peu fourni), quelques belles photos légendées, et de brèves critiques des MOT (Most Outstanding Tracks) par votre servante :
Sobre, mais tout est dit
L'arrière du skeud:
Le site officiel: http://www.franzferdinand.co.uk/
Alex (à gauche toute) et moi sommes faits pour nous entendre: lui aussi apprécie grandement les objets phalliques
Alex est souple
"Hello, my name is Alex Kapranos and I've got ze fucking classe!"
"Ze fucking classe on vous dit, merde!"
L'archiduc François-Ferdinand signe des autographes après le concert.
***Most Outstanding Tracks***
Jacqueline : la belle voix chaude d’Alex Kapranos (et son accent érotique) nous enveloppe avec quelques accord de guitare sèche, guère plus, en intro, et le charme commence à opérer. Les lyrics, accessoirement, sont magnifiques. Puis Nick Mc Carthy entame un riff efficace qui nous soulève et nous emporte avec enthousiasme: Jacqueline est la chanson-phare de mes vacances. "Oh but for chips and for freedom I could die."
The Dark of the Matinée: Ça commence avec de la bonne batterie basique, Nicolas nous rejoint avec sa guitare énergique, puis se calme pour laisser place à Alex et son phrasé de velours. Il nous parle d’un type qui a réussi dans la vie et qui passe sur BBC2, avec une fine ironie et un ton enjoué qu’on pourrait mettre en parallèle avec le Park Life de Blur.
Auf Achse: Ça semble un peu gnan-gnan, au début, avec les simples accords de synthé et la guitare qui sonnent un peu eighties du coté obscur de la force. Mais c’est réellement poignant : "You see her, you can’t touch her/You hear her you can’t hold her/You want her you can’t have her/You want to but she won’t let you" sont pratiquement les seules paroles dans cette chanson, mais il n’y a pas besoin de plus pour que l’émotion portée par la voix d’Alex touche mon petit coeur. Et le votre, j’espère.
This Fire: cette chanson est BONNE comme on dirait qu’une meuf est BONNE. Elle menage dans un equilibre parfait les tons graves, les tons hauts, le rythme doux/staccato, les moments de pics et de creux (mais! creux toujours plaisants), le refrain monomaniaque ("This fire is out of control/I’m gonna burn this city/Burn this city") elle est JUBILATOIRE. Je ne sais pas ce que je pourrais dire de plus que je n’aurais déjà dit. Que je suis amoureuse d’Alex Kapranos, oui, on sait. Que ces gens-là ont la classe, oui, tout à fait.
40’: 40 feet marche sur la pointe des pieds au début pour mieux trouver son riff qui s’envole en pics tourbillonants. Pendant pratiquement toute la chanson, Alex murmure, marmonne, sussurre, suggère: jamais "la-la-la" n’auront été plus sexy et raffinés (quel accent, mon dieu, quel accent!). Il faut que je vous mette en entier les paroles de cette chanson, elles sont terriblement poétiques :
Ils seront en concert à Paris vers fin octobre début novembre, je vous les recommande chaudement; moi en tous cas, j'y serai.As I glanced once upon the foam
40 feet beneath my feet
The cold has come, flows through the molten veins
Cooling all the blood to slush, congeals around again
Oh, la la la-la, la la la-la, la la la-la, la la-la la
La la la-la, la la la-la, la la la-la, la la-la la
Oh, and forty feet remain
Soft scales upon my drying arms
Burn my back beneath the sun
I am cold beneath the burning haze
Looking down, looking down, down, down again
Oh, la la la-la, la la la-la, la la la-la, la la-la la
Merci d'avoir lu ce pavé jusqu'au bout, demain rebelote avec les Dandy Warhols.
