





Si ton second post constitue une analyse détaillée et argumentée d'une campagne d'écriture et de son retentissement sur la production d'une série en termes de difficultés, ce n'était pas - mais alors pas du tout - le cas de tes posts précédents.
Dans les premiers posts, en effet, tu ne fais allusion ni aux CHAINES ni au rôle de la DIRECTRICE D'ECRITURE, tu te contentes d'épingler comme un objet de franche rigolade (et je ne vois toujours pas ce qu'il y a de drôle) le travail (scripts à l'appui) de l'équipe de scénaristes.
Au cas où tu ne t'en serais pas rendu compte, ces textes sont pour la plupart SIGNES par leurs auteurs.
Ces gens là sont de VRAIS gens avec de VRAIES vies, avec le même droit que toi à éprouver - à tort ou à raison - une fierté vis à vis du métier qui est le leur. Ils n'ont PAS à voir leur travail exhibé et montré du doigt comme un objet de dérision.
Qu'ils soient talentueux ou non n'y change rien, tu n'as tout simplement PAS LE DROIT de les humilier.
Le côté "name dropping" de la chose n'arrange rien... quitte à te servir des textes comme publicité comparative pour ton propre travail (ce qui est à mon avis illégal soit dit en passant) tu aurais quand même pu prendre la peine de couper la page de garde où figurent, non pas des pseudos de forum, mais des NOMS.
Et CA, oui je l'admet, ça m'a VRAIMENT fichu en rogne.



Qui plus est, toujours dans ton premier post, tu généralises : tu fais, sans autre précision, de la médiocrité des scripts de Corneille un cas représentatif de la majorité des production d'animation.
Cette simplication grossière contribue directement à la promotion d'un stéréotype - les scénaristes français ne savent pas écrire - qui, outre le fait qu'il vole à peu près aussi haut que "les femmes ne savent pas conduire" ou "les noirs sont fainéants", a un effet négatif réel sur NOS professions.
En effet, quand tu dis chercher une solution aux problèmes entre phases d'écriture et de réalisation, je crois qu'on la connait tous et depuis longtemps. Au lieu d'accepter de travailler isolément, il nous faudrait constituer des équipes communes - écriture par les mots / écriture par l'image - qui nous permettraient dès les premières étapes de faire oeuvre commune, style commun, cause commune.
Ce travail de cohésion, c'est à vous, la réal, de le faire. Créer des synergies et rassembler des talents, c'est - comme tu l'as plusieurs fois illustré par l'exemple de Corneille sur ce forum - VOTRE métier.
La plupart des prods ne le feront pas à votre place quand ils ne s'y opposeront pas purement et simplement.
Mais le premier obstacle à cette belle utopie, c'est l'idée que nous sommes ennemis les uns des autres parce que tutuve ne manque jamais une occasion de baver sur tatave.
Et figure toi que ce n'est pas en commençant par nous chier dans les bottes que ça va s'arranger.

Merci donc d'avoir revu ta copie entre tes premiers posts et les derniers en date et d'avoir ainsi nuancé si considérablement ton point de vue sur nos métiers respectifs.

Maintenant, si on veut élargir le débat...
Ce n'est pas en niant mais au contraîre en reconnaissant les spécificités du métier de chacun qu'on arrivera à créer le cadre d'un rapprochement entre nos professions. ça veut dire arrêter de nous entre-déchirer, refuser de colporter des clichés dommageables et mener sur les questions cruciales, telle que celle des droits d'auteur, une reflexion autrement plus complexe que : ah, passe moi l'enveloppe de gudule pour que je m'y serve, mon salaire ne me suffit pas ...
Par exemple, j'ai vu des scénaristes suivre les boards, revoir les ré-adaptations de leurs dialogues (écrits en français, traduits en anglais pour enregistrement puis re-traduit en français en dépit du bon sens et au détriment du style) ou même participer aux enregistrements des voix françaises. Le plus souvent, ils ont du forcer les portes à coups de pied pour y parvenir et, à de très rares exceptions près - ils ont accompli ces travaux là gratuitement.
De même, j'ai vu - plus rarement - quelques réalisateurs se livrer à l'exercice consistant à intégrer des équipes d'écriture. Etrangement, ils ont sévêrement nuancé leurs à priori négatifs... ou à tout le moins, ont mieux compris POURQUOI le cynisme est la plaie du métier d'auteur, COMMENT on passe de jeune écrivain idéaliste à ce que tu appelles "scénariste sans scrupule"...
Les scrupules - en l'absence d'une reconnaissance de son travail et du respect élémentaire du aux individus - on les perd plus vite que son pucelage ou ses kilos en trop...
Si tu veux travailler avec de bons scénaristes, commence par ne pas les débalonner dans leur ensemble. Aide les, donne leur confiance, travaille avec eux et non pas contre eux ou en dépit d'eux...
C'est à toi, réalisateur, de faire en sorte qu'ils sentent que ton équipe constitue un cadre où donner le meilleur de sois même a un sens.
C'est juste ton métier, vieux.


