Han, comment Anton il spoile de lui-même sa superbe interview...
J'ajouterai The Warriors de W. Hill
Et aussi peut-être parceque c'est la deuxième référence qu'il a le plus cité durant son récent séjour en France? (En film, la première étant Orange Mécanique, dans un cadre plus particulier, pas forcément de l'influence directe, mais dans la démarche.)
Pour la violence, Inoue y voit simplement un élément d'entertainment. Bon côté de la chose : il sait que ce n'est pas parcequ'il dessine des horreurs que les gamins japonais vont tout de suite prendre un chalumeau ou une batte de baseball pour faire pareil. Truc plus limite, mais qui tient au genre hip hop, esthétique que je ne goûte pas plus que ça, pour lui y a une raison pour que les gens portent des Adidas et des chaînes en or, c'est cool, aussi cool que de faire sauter des bras au katana... Réflexe assez basique à la Kill Bill ou à la Mortal Kombat de se dire "Ouah, y a du sang, c'est cool..." Après le bonhomme est conscient de ce qu'il fait et a réfléchi à sa démarche...
Quand j'ai parcouru ce premier volume, quelques idées assez dégueu m'ont fait frémir (pourtant, je pensais en avoir vu de ce genres de conneries), comme quoi, la violence graphique de son style marche pas mal et a son impact, et pour le reste, vu que je suis pas dans le trip hip hop, gangsta rap et tout ça, ben ça m'accroche moyennement.
Le mec en lui-même est un personnage assez atypique. Imaginez-vous un japonais de trente cinq ans, un petit bonhomme au visage assez rond et qui se balade avec un pantalon large, un blouson type lycée américain, une casquette, des lunettes de soleil et une chaîne en or. Particularité, il a tout conçu lui-même. Après, il n'a pas peur du contact physique, vas-y que ça sert la pogne, que ça prend en photo, voir que ça fait la bise si on lui demande... Ensuite, il veut s'exprimer par lui-même, il bredouille deux mots de français, et si son vocabulaire est assez limité dans la langue de Molière, son vécu aura au moins affecté sa prononciation presque impeccable, à deux cents années lumière du Japonais typique. Il se débrouille en gros à 70% en anglais, mais il quand devient émotif (il aurait tendance à démarrer rapidement (mais pas trop méchamment à ce que j'ai pu en voir)) et à te lâcher des "Mother Fucker" pour s'exprimer...

Là aussi, bon côté des choses, il a des idées bien arrêtées sur ce qu'il veut dire et le message qu'il veut faire passer, après mauvais côté, il ne se rendait pas compte qu'en essayant coute que coute de s'exprimer en anglais, cela pouvait être contre-productif dans ce qu'il tentait d'exprimer, comme s'il y avait un manque de confiance dans l'interprète (ce qui est légitime dans une certaine mesure, mais quand même, c'est le but du jeu de lui faire confiance), vers lequel (votre serviteur en l'occurence) il se retournait en désespoir de cause.
Bref, première fois que je voyais un Japonais aussi "cool" et qui jouait à Marcellus Wallace en quelque sorte...
Pour ce qui est de TT2, il y a un côté violence pour refléter la guerre des gangs. Mais elle n'est pas assez abondante ou exacerbée pour en faire du grand-guignol ou blaser le lecteur et verser dans l'hyperbole. C'est juste des bonnes doses de violences assez gratuites tout de même pour assaisonner une histoire plus conventionnelle de jeunes gens qui vivent à Tôkyô et qui pour tromper leur ennui n'ont rien de mieux à faire que de se foutre sur la gueule. Dans le côté relation humaine, entre les jeunes fan de hip hop,, il peut y avoir un côté plus sérieux, c'est ce qu'il avait envie de montrer, dans le côté violence, c'est pour lui un élément de divertissement, il ne voit pas un grand message social dans son histoire ou autre, s'il lui arrive de dessiner des mecs déguisés en nazi, ce n'est pas pour critiquer une dérive de l'extrême droite, c'est qu'il a vu des gens se déguiser ainsi sans que ces personnes, ou lui-même, n'ait une image extrêmement vivace de ce que ça représente, le décorum sans une réelle perception de l'image de ce qui nous est régulièrement envoyé à la gueule sur Arte par exemple...
Donc, de là à être dithyrambique, je ne suis pas sûr, mais c'est intéressant d'y jeter un coup d'oeil pour se faire une idée sur pièce. Il reste dans son genre, parfaitement conscient de sa nature de divertissement, avec l'espoir de décrire une certaine part de vérité sur la jeunesse japonaise, dans les relations, sa manière de vivre, pas dans les guerres de gangs évidemment.
(Et là, j'ai du spoiler à peu près tout ce que les mags vont dire sur lui dans les deux prochains mois...

)
@+
Chron