Fureurs de Vaincre, Chorégraphies d’arts martiaux du cinéma de Hong Kong est une rétrospective à l'inititative de la Cinémathèque de la Danse qui se tiendra les 10 & 11 février à la Cinémathèque Française. Au programme 6 films dont certains indédits en France. Cinemasie est partrenaire de l'évènement en compagnie des Cahiers du Cinéma, des Inrock et de France Culture. J'aurai le plaisir de présenter un des films au programme. Incessement sous peu devrait être également disponible un dossier, dans un premier temps au format PDF (pour édition papier ultérieure ds le cadre de la publication régulière de la Cinémathèque) et ensuite sur le site cinemasie, composé des traductions d'interviews de chorégraphes (Liu Chia Liang, Yuen Woo Ping, Ching Siu tung...) et de quelques articles choisis.

Les films :
Pirates et guerriers (The Valiant Ones)
réal. King Hu, chorég. Sammo Hung, 1975
La Danse du lion (The Young Master)
real. et choreg. Jackie Chan, 1980
La 36e Chambre de Shaolin (The 36th Chamber of Shaolin)
réal. et chorég. Liu Chia-liang, 1978
The Story of Wong Fei-hung, part 1
réal. Wu Pang, chorég. Leung Wing-hang, 1949
Vengeance !
réal. Chang Cheh, chorég. Tang Chia et Yuen Cheung Yan, 1970
Hard Boiled
réal. John Woo, chorég. Philip Kwok, 1992
Plus de détails sur http://www.cinemasie.com concernant ces films.
Le texte de présentation pour info >
http://www.lacinemathequedeladanse.com/ ... s/fiche/14Les films d’arts martiaux de Hong Kong ont porté très loin la virtuosité du corps au cinéma. Ils doivent leur force figurative et formelle aux cinéastes, mais aussi aux chorégraphes d’arts martiaux, qui en conçoivent les séquences d’action. Ces chorégraphes d’arts martiaux (pratique empirique qui date des années 20 et s’organise en métier au cours des années 50) conçoivent des strates essentielles du film : ils peuvent apporter une matière cinétique aux cinéastes, mais aussi s’impliquer dans le montage ou passer eux-mêmes à la réalisation.
Les arts martiaux de cinéma ne sont pas les arts martiaux à proprement parler. Ils en sont une des variétés, pensée et pratiquée pour le film, qui fait alors appel à des dispositifs spécifiques (trempolines, câbles, trucages numériques…), et que n’emploient les pratiquants d’arts martiaux qu’à des fins de spectacle. Dans la lignée théâtrale de l’opéra de Pékin, les films d’arts martiaux s’appuient le plus souvent sur des styles hérités de la tradition, pour en faire une matière modelée par les formes du cinéma. Comment séparer par exemple le style des figures proposées par Sammo Hung dans The Valiant Ones (1975) du sidérant montage de King Hu, fait de ruptures, boucles, pertes d’orientation, suspensions dynamiques des corps dans l’espace, et dont la puissance aurait pu enthousiasmer Eisenstein et Peter Kubelka ?
Qui sont ces chorégraphes d’arts martiaux, qu’on appelle aussi martial arts directors ou plus souvent action choreographers ? La Cinémathèque de la Danse a voulu rendre hommage à quelques-uns des plus inventifs d’entre eux : Sammo Hung, qui fait le lien entre les années 70 et le cinéma d’aujourd’hui ; Jackie Chan, certainement le plus célèbre pour son travail d’acteur et vedette de la kung fu comedy ; Liu Chia-liang, connu autant comme cinéaste (trilogie de La 36e Chambre de Shaolin…) que comme chorégraphe (trilogie du One-armed swordman de Chang Cheh…) ; Tang Chia, qui participa avec Liu Chia-liang à de nombreux films de Chang Cheh ; Leung Wing-hang, l’un des rares chorégraphes d’arts martiaux des années 40 ; Philip Kwok, acteur de films d’arts martiaux qui accompagne leurs mutations dans le cinéma d’action, en chorégraphiant Hardboiled de John Woo (1992).
Les films d’arts martiaux correspondent à des périodes très définies du cinéma de Hong Kong. Entre son âge d’or dans les années 70 et 80, s’étendent une première période des années 20 aux années 40 (entre Shanghai et Hong Kong), et une reprise à la fin des années 90 (entre Hong Kong et Hollywood). Mais alors que la production se déplace en partie dans les films d’action, les savoir-faire des chorégraphes s’adaptent à de nouvelles exigences. On peut ainsi voir Hardboiled comme une descen-dance directe de l’œuvre martiale de Chang Cheh, dont John Woo a été l’assistant.
Aujourd’hui, l’intérêt pour les films d’arts martiaux circule aussi dans la vidéo issue de la danse et du cinéma expérimental : le chorégraphe français Christian Rizzo comme le cinéaste Othello Vilgard travaillent sur les moments d’immobilité et l’irruption du geste dans les arts martiaux. À l’origine de ce lien entre arts martiaux et veine expérimentale du cinéma, on trouve Meditation On Violence (1948) de Maya Deren, classique du cinéma expérimental et du film de danse, basé sur des gestes d’arts martiaux, et qui ouvrira ce programme.
Xavier Baert
Réservation > http://www.almodovar.fr/fr/nosactivites ... aincre.htm